Homélie de Monseigneur Blanchet, évêque de Créteil, à Jubiléo

Rédigé le 11/06/2025
Florent

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Photo : Richard Brie

Homélie lundi 9 juin 2025- rassemblement diocésain jubilaire

Frères et sœurs, en cette année jubilaire, réjouissons-nous de ce rassemblement exceptionnel, pour lequel le Seigneur nous fait signe depuis longtemps, nous invitant à le vivre comme notre diocèse en a l’habitude depuis sa création, avec nos amis et ceux avec qui nous vivons. L’occasion nous est donnée aujourd’hui de rendre compte de notre espérance, appuyée sur notre foi commune, alors que nous sommes si différents ! Peut-être est-ce cela qui nous donne d’habiter ce moment avec une grande joie ? Quel beau mystère que notre Eglise, faisant l’expérience déjà de la communion et de l‘unité pour laquelle le Seigneur nous a faits.

Tout au long de la journée, nos musiques vont se mélanger, nos façons d’exprimer notre foi vont se partager, par-delà nos différences de culture, de générations, d’arrivée aussi dans nos communautés, baptisés depuis peu ou depuis très longtemps. C’est le Seigneur lui-même qui nous appelle et nous fait signe chacun dans nos maisons nous rassemblant en une même famille, un même peuple qui marche sous sa conduite.

Ayant aujourd’hui écouté une grande partie du diocèse au travers des visites pastorales qui se continueront encore à la rentrée pastorale, cette journée est aussi l’occasion pour moi de partager avec vous les orientations diocésaines sur lesquelles il semble que le Seigneur nous fait signe. Après un temps de consultation ces derniers mois, de conversations dans l’Esprit, se dégagent quelques chemins qui continueront de nous conduire par-delà l’année jubilaire. Je préciserai chacun d’eux dans une lettre pastorale à la clôture de l’année jubilaire. J’aurai alors visité tous les doyennés.

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1-  Le Seigneur lui-même nous réunit et nous fait marcher ensemble. Cela est constitutif de l’Eglise La pentecôte que nous avons célébrée hier se continue dans l’aujourd’hui de l’Eglise. L’Esprit saint continue de nous faire proclamer aujourd’hui, chez nous, les merveilles de Dieu au travers de notre diversité, dans une même profession de foi.  Notre unité ne doit pas reposer d’abord sur nos liens affectifs, même si nous sommes bien sûrs appelés à nous aimer. Elle vient de Dieu lui-même qui nous donne de participer à son Esprit.  Notre nouveau pape, Léon XIV, en quelques semaines seulement, nous y exhorte de bien des manières, en ne perdant pas de vue sa source. “Dans sa miséricorde, Dieu veut toujours serrer tous les hommes contre lui, et c’est sa vie, donnée pour nous dans le Christ, qui nous fait un, qui nous unit.” disait-il au tout récent Jubilé des familles, avec lequel résonne notre rassemblement d’aujourd’hui.

En regardant le logo du jubilé, nous voyons suggérée cette diversité des disciples, mais dans la même barque, accrochés à Jésus sauveur. C’est cette route qu’il nous faut pratiquer dans le temps ordinaire, dans la marche ordinaire. Nous avons, chers amis, à accueillir l’invitation à la conversion qui nous est faite pour véritablement marcher ensemble. C’est cela qu’indique le mot “synodal” auquel nous commençons à nous habituer. Marcher ensemble ! C’est là notre première orientation.

Cela concerne tous les niveaux de notre vie diocésaine. Dans sa gouvernance, comme dans chaque paroisse, comme dans l’engagement de chacun. Ainsi toutes nos paroisses se trouvent interdépendantes les unes des autres. Aucune ne peut vivre sans les autres. De même, le Seigneur nous invite tous à convertir nos pratiques pour donner de l’espace et de la place à chacune, chacun d’entre nous dans la vie de sa communauté, quelle que soit son ancienneté dans sa paroisse, quel que soit son âge, articulant les responsabilités différentes de chacun au service de tous.  Acceptez-vous chacune, chacun de vous, baptisés, que Dieu vous ait choisi(e) et appelé(e) pour prendre votre place précieuse au sein de notre Eglise en Val de Marne, et que vous comptiez pour nous tous, tout comme vous pouvez compter sur nous tous ? Cette conviction appelle des conversions qu’il nous faudra travailler.

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2- Ne pas perdre de vue notre raison d’être : Annoncer Jésus sauveur, en qui nous avons mis notre espérance. Le pape François avait cette formule dont il avait le secret en parlant de notre unité : ” « L’Église « faite de colle » n’existe pas : l’Église est une par l’Esprit. Nous devons faire de la place à l’Esprit, afin qu’il nous transforme comme le Père est dans son Fils, en une seule chose. Pour atteindre cet objectif, il existe un conseil donné par Jésus lui-même : « Demeurez en moi ». C’est aussi une grâce. » (21/05/2015) . Alors que nous sommes tous habités de préoccupations diverses, d’inquiétudes liées à la santé, à l’emploi, au titre de séjour, de préoccupations pour l’avenir de nos enfants, ou encore de joies par les bonnes nouvelles que nous recevons, nous avons tous, absolument tous en commun d’avoir mis notre espérance en Jésus. Comme le dit Paul dans sa lettre aux Romains que nous venons de lire “En effet, si nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils (…) à plus forte raison, serons-nous sauvés en ayant part à sa vie.” C’est une conviction qui nous fait porter notre regard très loin devant, nous invitant à regarder et affronter nos difficultés sans perdre de vue notre dignité, sans perdre notre espérance.

Beaucoup parmi nous témoignent de la puissance de la foi dans leur vie. Le temps de louange cet après-midi n’a de sens que pour cela. Jésus est sauveur et nous pouvons en témoigner personnellement dans ce qu’il nous fait vivre et traverser. Frères et sœurs, avons-nous les mots pour le dire ?  Pour rendre compte de notre espérance à ceux qui nous le demandent ? Au fond, qui est Jésus pour toi, pour moi ? Nous former, et formuler les mots pour le dire de façon nouvelle sera notre seconde orientation.  Les catéchumènes et néophytes nous invitent particulièrement à laisser raviver la joie de notre foi commune, à nous réjouir aujourd’hui de cette annonce qui s’est peut-être parfois empoussiérée derrière nos pratiques et nos habitudes, derrière nos routines. Retrouvons, frères et sœurs, la fraîcheur et la vivacité de cette annonce pour la porter autour de nous : “ Jésus est sauveur ! “ et cela concerne chacun !

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3- Mais, nous le savons bien, cette annonce ne se fait pas qu’avec des paroles Il s’agit d’aimer en actes et en vérité. C’est la 3ème orientation sur laquelle nous travaillerons. Il nous faut consentir à risquer les initiatives concrètes auxquelles nous nous sentons appelés et nous encourager mutuellement à cela. Nos paroles deviendraient vides de sens si elles ne produisaient ce qu’elles disent. C’est ainsi que notre foi fait de nous des prophètes. N’est-ce pas ce que Jésus indique dans la synagogue de Nazareth en annonçant cette année de grâce : «  L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction.  Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, Remettre en liberté les opprimés, Annoncer une année favorable accordée par le Seigneur” Si ce passage de l’Ecriture s’accomplit aujourd’hui encore c’est par le souffle du même Esprit que nous avons reçu et pour lequel nous rendons grâce en ce lendemain de Pentecôte.

Au cours de mes visites pastorales, je vois des hommes et des femmes faire du coude à coude pour aider leurs frères et sœurs en difficulté, je vois des jeunes faire des maraudes, je vois des groupes de parole formels ou informels, générateurs d’apaisement et de réconciliations, je vois des amitiés interreligieuses et œcuméniques s’enraciner durablement comme le manifeste actuellement la marche des amis partis de la mosquée et passant par la synagogue pour nous rejoindre ce midi , je vois des personnes qui visitent les malades et les personnes qui resteraient isolées sinon, j’en vois d’autres qui visitent les détenus et soutiennent leurs familles, je vois des personnes qui se lèvent pour accompagner les familles en deuil dans leur douleur et soutenir leur espérance, je vois des enseignants et des établissements  qui s’engagent dans l’éducation patiente comme un magnifique acte d’espérance pour l’avenir..etc.  L’Esprit saint nous ne le voyons pas mais nous voyons tout ce qu’il nous fait faire à coup de transformations personnelles et d’ouverture de nos cœurs à la charité. Et c’est magnifique.

Le Seigneur appelle chez nous, en Val de Marne, un peuple prophétique, c’est-à-dire un peuple porteur de la parole de Dieu qui s’accomplit aujourd’hui et qui peut redonner espérance à tous. Comme le disait le pape François aux jeunes : “Chacun de nous est une mission sur cette terre”. Ensemble soyons ce peuple prophétique, visible en Val de Marne pour de bonnes raisons qui étonnent et réjouissent le cœur de tous. C’est le vœu qu’a formulé le Conseil pastoral diocésain que je remercie pour sa contribution.

Si nous vivons tout cela, frères et sœurs, ce ne sera pas par prétention, mais bien au contraire avec humilité, par simple consentement à l’Esprit qui nous a été donné, tout comme Marie en qui nous nous confions en ce jour, elle qui est mère de notre Eglise. C’est Lui qui nous fera avancer dans notre marche ensemble, qui nous fera demeurer avec Jésus et l’annoncer comme sauveur, et qui nous fera vivre dans nos communes en faisant le bien. Que Marie, en ce jour, soutienne et porte notre espérance !

+ Dominique Blanchet, évêque de Créeteil

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